Le GR34. Côtes d’Armor, Bretagne, 2015/2016
Sujet présenté au Festival PhotoReporter 2016 à Saint-Brieuc.
Cela fait plusieurs mois que j’arpente les sentiers côtiers du GR 34 en essayant de capter les sensations et les émotions qu’ils nous procurent. Christophe et Marina, rencontrés à Étables sur Mer m’ont parlé « d’harmonie avec l’environnement » et m’ont confié qu’ils venaient marcher ici pour « se ressourcer ». Emmanuelle et Steeve, croisés à Ploumanac’h, étaient eux « à la recherche de liberté, de coupure avec un monde d’aliénation (aux médias, aux nouvelles technologies, aux réseaux sociaux) ». On est ici « en éveil permanent » comme Isabelle, venue ramasser des châtaignes avec Maxime, son petit fils, à la Pointe du Dourven à Tredrez-Locquemeau. Un site qu’elle considère comme « façonné par la main de dieu ». A marée basse, on entend parfois le silence de la mer alors que par gros temps, les vagues s’écrasent contre les rochers dans un chaos effrayant. Biscotte et Christian, originaires de Corrèze, me confessent sur les hauteurs de Binic, leurs sensations de vertige : « On a l’impression de marcher sur un immense pont qui fait plusieurs dizaines de kilomètres. On se sent un peu comme sur le Grand-huit, ça monte, ça descend et ça tangue ». Quant à moi, j’ai acquis la conviction qu’on vient sur le GR34 pour se rapprocher de nos limites. C’est comme une zone de confort où on marche sur un chemin balisé, de façon linéaire, sans risque de se perdre. Mais en même temps on avance, on avance toujours, sans savoir jusqu’où. On vient flirter avec les éléments, avec le danger de la mer, mais on ne s’y confronte pas réellement, au contraire des surfeurs ou des marins-pêcheurs qu’on aperçoit au large. La mer est là, bien là avec tous ses dangers, son immensité, ses mystères, ses silences. Et nous on marche avec une humilité retrouvée.